descends sur la terrasse et je regarde la mer qui s'illumine au loin. Pépère, je m'assieds dans le fauteuil
d'osier en attendant que le café passe ; la confiture, le saucisson de Cerdagne, le miel, mon yaourt au soja ;
ma tasse de porcelaine ébréchée ; le bol de Grand-mère (elle a ses manies du matin, elle exige son gros
bol vert - une manière de se rassurer après la terrible aventure de Siméon).
Or donc, tout en rêvassant dans la fraîcheur du matin, mon attention est attirée par un journal posé plié sur la
murette de la terrasse, en équilibre sur une branche de vigne. Un journal ? Bizarre, je ne l'avais pas vu la veille.
Le temps de m'interroger (le matin, ce n'est pas très rapide), la cafetière chante : je vais me servir et, ma tasse
à la main, je m'approche de la vigne. C'est " l'Indépendant ". Etrange. Je m'en saisis avec une sorte d'appréhension.
Que dis-je étrange ? Bizarre ! Tout à fait bizarre, carrément anormal, c'est celui d'aujourd'hui. Comment est-il
arrivé là ? Ce n'est pas Grand-mère, elle dort encore, j'entends ses ronflements agités. J'ouvre l'Indèp. Un titre.
" L'affaire Siméon rebondit ". Mon café passe de travers. Je ne comprends pas. C'est impossible. Bon, écoute,
Siméon, t'es où ? t'endors pas, bon sang, descends de ton cocotier. Voici exactement l'article de l'Indèp : je le
recopie in extenso (c'est du latin, demande à Léo).
" Nos lecteurs n'ont certes pas oublié l'incroyable disparition du jeune Siméon, retrouvé,
au final, sur le clocher de Collioure, le sabre à la main, bondissant sur la frégate du capitaine
Cook, au nez et à la barbe des forces de l'ordre.
